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3 Août 1945
"Vilaine fripouille"
(Archives Départementales du Loir-et-Cher - 7 U 2/11 - PER 166)
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En 1974, le film de Louis Malle, "Lacombe Lucien", provoqua une vive polémique -qui, a-t-on parfois dit, aurait conduit le cinéaste à s'exiler. L'histoire, co-écrite avec Patrick Modiano, de ce garçon inculte devenu en 1944 milicien sauvage, avait alors été très mal prise par des milieux résistants -Le Monde jugeant même le film "dangereux". Et pourtant, de l'automne 1944 à l'automne 1945, les audiences des Cours de Justice ont vu défiler quelques Lacombe Lucien !
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1ère condamnation à mort de Paul Massicot, prononcée par la Cour de Justice de Blois le 10 avril 1945, par contumace
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Celui qui est jugé à Blois, le 3 août 1945 a 19 ans et s'appelle Paul Massicot. Nous ignorons tout de son histoire personnelle antérieure, de ces circonstances de vie qui, parfois, contribuent à atténuer la responsabilité des pires criminels. Mais de toute façon, le moment et les états d'esprit ne sont pas à l'indulgence à l'égard de ceux qui ont servi "le boche". Dès la première audience de la Cour de Justice de Blois, le 13 novembre 1944, des mouvements de mauvaise humeur du public sont notés par la Presse et dans les rapports du Commissaire Spécial (Renseignements Généraux) : les verdicts sont jugés beaucoup trop cléments. Quand, le 28 novembre 1944, la Cour prononce sa première sentence de mort, "la foule nombreuse", nous dit la Nouvelle République, "applaudit" le réquisitoire. Mais le 14 décembre suivant, le Comité Départemental de Libération lui-même "proteste contre l'acquittement de miliciens" qui, "traitres à la Patrie", doivent être "châtiés suivant la rigueur des lois" -en clair: être exécutés.
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A partir du mois de mai 1945, les déportés survivants et les prisonniers commencent à rentrer en masse. Avec les résistants de la première et de la dernière heure, ils assistent très nombreux, et rarement muets, aux procès. On les voit furieux et manifestant par deux fois dans la salle d'audience, en chantant La Marseillaise, contre Maître Simon, figure du barreau blésois mais avocat honni pour sa défense des "collabos" -et taxé lui-même de vichysme. L'Ordre des avocats souligne alors dans la Nouvelle République (mai 1945) que "tous les régimes ont admis la liberté de la défense sans laquelle il n'y aurait plus de liberté". Certes, mais le bâtonnier Simon renoncera tout de même à plaider...
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Les rumeurs de vengeance ne cessent de courir : le bataillon FFI du Loir-et-Cher, par exemple, rentrerait à Blois pour "pratiquer l'épuration à coups de mitraillettes" (rapport du Commissaire de Police de Blois du 19 mai 1945 ADLC 1 W 555) ou des déportés songeraient à "faire justice eux-mêmes" (rapport de police du 26 mai 1945) ! C'est encore le choix des jurés qui concentre la colère -alors qu'y participent deux représentants du Comité Départemental de Libération! Tout cela donne une idée de la tension qui marque alors la société loir-et-chérienne, tout au moins sa composante militante.
Goguenards parfois, méprisants toujours, quand tel ou tel collaborateur gestapiste apparaît dans le box des accusés, ravis encore par les réquisitoires enflammés du Commissaire du Gouvernement, les auditeurs de la Cour de Justice et de la Chambre civique expriment surtout leur incompréhension du processus judiciaire mis en place par les autorités issues de la Résistance.
La justice pénale d'un Etat de droit suppose qu'on accepte une individualisation des peines: on juge un individu et non une idée -des collaborateurs supposés et non "la" collaboration, des miliciens, non la Milice. Et, naturellement, chaque cas, unique, mérite un traitement particulier: pour des crimes ou délits apparemment similaires, des peines différentes peuvent donc s'appliquer. La question se complique encore par l'absence d'une jurisprudence: jamais, dans notre histoire, le pays n'avait eu un gouvernement analogue à celui de Vichy, complice de ses occupants -le fait est avéré aujourd'hui, mais à l'époque, l'opinion, la masse des fonctionnaires et des élus locaux le percevaient comme "légal", à défaut d'être légitime. D'où l'apparente -et parfois réelle- incohérence des verdicts.
Nous sommes là au coeur d'un des malentendus qui ont, la Libération à peine achevée, marqué négativement l'épuration dans la mémoire collective. Pour les uns, il s'agissait de châtier largement et rapidement des individus indignes, sans trop s'embarrasser de procédures, la parole des divers Comités de Libération devant suffire à prouver leur culpabilité. Alors que pour les autres, il fallait, au contraire, à partir des Ordonnances du Comité Français de Libération Nationale puis du Gouvernement Provisoire, peser les circonstances, recueillir des témoignages et en apprécier la valeur, bref, retrouver au plus vite les formes de la justice, nécessairement plus lente et plus complexe, ce qui assurerait en outre la légitimité du châtiment. Mais dans ce cas, s'insurgeaient les premiers, irait-on jusqu'à présumer innocents des hommes et des femmes que n'importe quel résistant affirmait coupables, donnerait-on à croire, à travers un formalisme procédural, que des "collabos" seraient excusables - le tout dans un douloureux contexte de passion qu'avait exacerbée la véritable guerre civile engagée par l'Etat milicien ?
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Paul Massicot, par exemple, coupable à l'évidence, déjà jugé par contumace par cette même Cour, quatre mois plus tôt, et déjà condamné à mort. Et pourtant, ce 3 août 1945, "l'ambiance est lourde" note le rédacteur de la Nouvelle République dont la sensibilité est proche de celle du public.
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Bien sûr, l'horreur des crimes reprochés -et bien établis- compte pour beaucoup dans cette "impression de malaise (...) infinie". Mais plus encore, appelle l'incrédulité la jeunesse de leur auteur, dont les "yeux bruns paraissent plus grands" dans une "figure livide et contractée".
Qu'un jeune Français ait pu trahir ses camarades, en amener 2 dans la salle de torture de la Gestapo blésoise, puis au poteau d'exécution, et au moins 2 autres en camp de concentration, pour de l'argent, "dépasse l'entendement" du journaliste, qui, du coup, en reste là de son questionnement. Comment, en effet, accepter aux côtés de la figure lumineuse et meurtrie de la France résistante -"de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle" (De Gaulle, 25 août 1944)- le visage hideux et dégradant d'une France collaboratrice ? En 1945, après ces 5 années terribles, dans l'atmosphère patriotique déjà désenchantée mais qui continue d'être exaltée par l'ensemble des mouvements résistants, comment admettre que oui, la trahison est possible, pour de l'argent, et que le statut de "jeune Français" ne garantit pas l'honneur, le dévouement ou la fraternité ?
D' ailleurs Paul Massicot n'a pas de réponse, lui non plus. Contrairement à presque tous les autres collaborateurs, il reconnaît tous les crimes qui lui sont reprochés. Mais pour aucun il ne fournit une quelconque explication idéologique explicite ou implicite. Délateur, employé-complice des nazis, oui, mais pas nazi lui-même. S'il figure bien sur la "Liste récapitulative des membres des partis dissous", avec le prénom "Georges", c'est seulement, si l'on peut dire, comme dénonciateur, non comme adhérent de la Milice ou d'un parti collaborationniste (rapport du Commissaire Spécial, 9 septembre 1944 figurant dans ADLC- 1 Z 66). Et le journaliste n'est pas au bout de son étonnement : le jeune homme n'est ni veule ni antipathique, ce qui rassurerait ses juges et le public, et rendrait la soif de châtiment encore plus légitime. Bien qu'il sache que la mort est au bout du procès, il montre de l' "assurance" et du "calme" quand il regarde le Président ou "fixe" la foule -et le journaliste se rassure et remonte son ressentiment en y voyant "un certain cynisme".
Il n'esquive rien et, en pleurant comme un gamin qu'il est encore, il n'en affirme pas moins : "je regrette le mal que j'ai fait, je suis prêt à payer" avant de demander pardon aux deux femmes dont il a envoyé les maris à la mort. On sent bien que chacun le voudrait salaud, ou engagé politiquement aux côtés des Allemands, comme les autres miliciens gestapistes fran?ais déjà condamnés à mort par cette même cour, décrits dans le même journal en ignobles canailles tarées, grotesques -contraires en somme au génie national et ne l'affectant donc d'aucune fa?on, petite "poignée de misérables" évoquée par De Gaulle, sans rapport avec la "vraie France".
Mais lui, "contrairement à ce qu'on pourrait attendre" a "une attitude digne". Etrange adjectif quand l'une des incriminations, créée par l'Ordonnance du 26 Août 1944, est justement "l'indignité nationale". Il traduit, mieux que tout le compte-rendu, ce "malaise infini" ayant saisi la foule d'auditeurs, étonnamment calmes ce jour-là. Paul M... est donc bien un jeune Français, devenu traître et criminel dans des circonstances dûment établies, mais rien dans son comportement ne permet de comprendre pourquoi il l'est devenu .
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Paul Massicot est l'un des 22 condamnés à mort par la Cour de Justice de Blois, de Marcel Camus, le 28 novembre 1944, à Yvan Roginsky, le 19 octobre 1945. S'ajouteront 4 condamnations par la Cour de Justice d'Orléans, en 1946, quand celle de Blois sera fermée. Au total, 8 % des accusés ont donc subi un verdict extrême. Mais la plupart (21 sur 25) ont d'abord été jugés par contumace, sans conséquences pour eux -et on peut suivre sur ce point Peter Novick quand il souligne que "les condamnations à mort par contumace étaient souvent prononcées pour créer un"effet moral" (...)" (dans Novick, L'épuration française, Annexe E, note f, page 333, Balland éd. 1985). En présence de l'accusé, 7 procés se sont achevés sur un verdict suprême, 2,5 % des causes jugées à Blois, soit sensiblement moins que la moyenne nationale (environ 5 %). Grâces aidant, un seul condamné a été exécuté à Blois en décembre 1944.
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Massicot a 17 ans quand, en novembre 43, un ami le met en contact avec un groupe de résistants. Tous le jugent sincère, au point de l'inviter à une réunion avec un responsable venu de Paris donner des consignes. En l'absence des pièces du procès, encore non consultables, on se gardera d'apprécier le comportement du groupe résistant : sans doute le garçon donnait-il toute assurance sur son engagement, ce qui justifiait qu'on ne prît pas davantage de précaution avec lui.
D 'ailleurs, dit-il lui-même, c'est seulement au moment où il voit le responsable parisien de la résistance qu'il décide de dénoncer tout le monde pour de l'argent. Il est vrai qu'en novembre 1943, la Gestapo blésoise a largement eu le temps de démontrer qu'elle pouvait bien payer celles et ceux qui la renseigneraient : plusieurs collaborationnistes blésois menant bon train en étaient la preuve. Une note d'origine policière non datée, mais sûrement écrite avant la Libération, affirmait que "ces informateurs perçoivent un minimum de 7000 à 8000 f. d'appointements mensuels plus des primes spéciales" (ADLC 1375 W 170); la somme est à comparer avec le salaire mensuel d'un Secrétaire de Mairie dans une commune rurale: moins de 2000 F., indemnités comprises... En somme, le garçon avait sous les yeux, en même temps, les deux figures, très inégales en 1943, de l'autorité: l'Allemand -force, argent et légitimité fournie par la collaboration d'Etat- et le Résistant -risque, précarité et illégalité. La première s'impose à lui, comme à d'autres qui, sans aller jusqu'à la trahison, n'en profitèrent pas moins pour assouvir quelque vengeance...
Le voilà à la villa Cavalier où la redoutable "Mona" -de son véritable nom Delphine Reimeringer, égérie du chef SS local- le reçoit. L'engrenage est amorcé. A-t-il vraiment eu une idée subite de trahison ou a-t-il prémédité cette dernière ? Le Président de la Cour et son avocat, commis d'office, semblent croire à la 1ère hypothèse, celle qui prévaut dans le film de Louis Malle : les circonstances ont fabriqué les actes autant et plus que la volonté. Son attitude au procès, si elle est comme la décrit le journaliste, milite aussi pour la thèse d'un garçon sans boussole, peu apte à préméditer des actes de trahison.
Cependant, il n'est pas non plus de ces êtres "étrangers", dira Camus, chez qui les notions de mal et de bien passent derrière les réflexes d'action : il regrette "le mal qu'il a fait", le témoignage des deux femmes de fusillés lui met "les larmes aux yeux" -"tout de même" ajoute le journaliste, signifiant par là qu'il n'est pas face à un monstre. Enfin, bien que sans illusions sur son sort, il demande un pardon qui lui est refusé, puisqu'il est un traitre.
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Et de fait, à partir de ce premier pas vers la Gestapo, il déroule tous les aspects de la trahison la plus sordide. A la gare de Blois, il joue déjà les policiers -à 17 ans !- pour écarter un Contrôleur et désigner à la Gestapo qui arrive sur ses pas le responsable de la Résistance (qui, heureusement parviendra ensuite à s'échapper). Son sens moral n'est pas complètement aboli puisque, s'il fait arrêter tous les membres du groupe qui l'avait accueilli, il épargne son ami d'enfance.
Il ne fait pas de doute que la somme gagnée à cette occasion -5000 F- et le salaire qui lui est acquis à partir de ce moment, l'encouragent à poursuivre ses services d'indicateur. Qu'il accomplit mal d'ailleurs : chargé par la Gestapo de surveiller des suspects à Vineuil, il échoue à les confondre. A la différence de Lacombe Lucien, il ne cherche pas -à moins qu'on ne le lui propose pas- le "prestige" de l'uniforme milicien et de l'armement, et le sentiment de puissance qui va avec : il sera seulement indicateur à la solde de la gestapo pour faire "tomber" ceux qu'il connaît et qui lui font confiance.
Tactique simple : sa jeunesse et, peut-être, sa bonne mine, étouffent les méfiances et anesthésient toute prudence. Deux des résistants blésois -Caillard et Augé- qu'il a piégés sont, souligne le rédacteur sans préciser ses sources, "stupéfaits de reconnaître leur dénonciateur" quand ils sont confrontés à lui dans les locaux de la Gestapo où ils seront torturés -la "blonde" Mona est, a retenu la mémoire résistante, une experte sadique- avant d'être fusillés. La femme du second est, elle, déportée à Ravensbrück. Voilà 2000 F de plus dans son escarcelle. Avant que le maquis se soit rendu compte que Paul Massicot est un délateur dangereux, il a encore le temps de faire arrêter deux autres résistants, Bertrand et Monprofit -le second déporté à Buchenwald.
En Allemagne encore, où il a suivi la Gestapo dans sa retraite et s'est infiltré parmi les travailleurs français contraints, il dénonce à tout va, alors même que le nazisme est à l'agonie et qu'une élémentaire prudence devrait le tenir à l'écart de ses maîtres SS. Inconscient ? Pas totalement, nous apprend le compte-rendu du procès : en effet, une "histoire de femme" -comme Lacombe Lucien, le garçon a une "maîtresse"- le conduit à son tour en camp de concentration. Et quand il revient en France, après sa libération par les Russes, c'est à titre de ... déporté politique.
Presque jusqu'au bout, il aura donc réussi à donner le change, à se couler dans un rôle de résistant. Cette fois, pourtant, c'est lui qui prendra la place du dénoncé : une de ses victimes en Allemagne le reconnaît à Angers, où il s'est fait rapatrier. Le sinistre jeu s'achève donc là, sans qu'on ait vraiment compris son mécanisme, sans qu'on sache si le garçon au regard brun était un "individu taré" comme tentera de le démontrer son avocat ou si les circonstances de ces années de peur, de crimes et de larmes avaient tué en lui toute humanité, le livrant, à travers des maîtres choisis et subis, à la "banalité du mal" qu'Hannah Arendt théorisera plus tard chez Eichman.
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Comme beaucoup des procès en Cour de Justice, celui de Paul Massicot ne consistait pas à établir une vérité judiciaire : du Président à l'accusé, en passant par les jurés, l'avocat et le public, chacun connaissait la fin de l'histoire.
Le Président s'efforçait en général de faire respecter les formes, en particulier le silence du public et la sérénité des "débats". Il n'eut pas à intervenir dans ce domaine. Un seul cri vint de la foule : "Vilaine fripouille" quand fut annoncé le prix payé à Massicot par la Gestapo pour sa trahison ; non pas "traitre" ou "assassin" ou "collabo" ou tout autre mot d'exclusion de la communauté nationale, mais "fripouille", qui stigmatise une crapulerie, un délit ou un crime de droit commun.
Les témoignages émouvants des deux femmes de suppliciés furent, nous dit le journaliste, sereins et "sans haine". Le compte-rendu insiste sur la brièveté de l'audience: aucune discussion des témoignages, un réquisitoire expéditif -pas de circonstances atténuantes, la mort-, une courte délibération du Jury. L'avocat, qui souligna lui-même le "rôle ingrat" de défendre l'indéfendable, ne se hasarda pas à demander quoi que ce soit à la Cour, sinon "d'apprécier elle-même la peine qu'il mérite".
Tout cela comme si ce garçon à l'ignoble conduite suscitait plus de trouble que de haine, comme si, la sentence méritée étant assurée, on avait hâte de passer à autre chose. Dans le cas de Paul Massicot, l'épuration nécessaire ardemment souhaitée se révélait en fin de compte un peu moins satisfaisante qu'attendu.
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Le destin de Paul Massicot ne le conduisit pas au stand de tir, près de la Maison de Correction de Blois, choisi pour fusiller, le 21 décembre 1944 à 8 heures 20, un cultivateur de Mareuil-sur-Cher, Marcel Camus, seul condamné à mort par la Cour de Justice exécuté dans le Loir-et-Cher. La Cour d'Appel d'Orléans cassa son procès et, rejugé à Tours, il fut, cette fois, condamné aux Travaux Forcés. Deux amnisties, en 1953 et 1959, lui permirent, somme toute encore jeune, de retrouver la liberté.
Qu'en fit-il ? S'est-il accordé à lui-même le pardon qui lui fut refusé par des femmes meurtries ? Peut-être après tout, continue-t-il de s'interroger sur les causes de sa trahison, et médite-t-il encore aujourd'hui ses terribles conséquences, à l'abri d'une vieillesse que ses victimes n'auront jamais connue.
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