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A y regarder de plus
près, on doit tout de même constater qu'aux élections les plus décisives, les
électeurs cellettois n'ont pas toujours fait les choix les plus
avancés.
1-En
1877, quand se décide l'avenir du
régime après le coup de force du 16 juillet de Mac Mahon, les Républicains
l'emportent dans le Loir-et-Cher, à Blois et dans le canton de Blois-ouest.
Pas à Cellettes
où le républicain Dufay est
nettement devancé par le bonapartiste Busson-Billault.
2-En
1889, les républicains affrontent,
outre leurs adversaires monarchistes, les boulangistes issus, pour certains, de
leurs rangs. Le royaliste
Roger obtient la majorité absolue à
Cellettes au premier
tour, même si le républicain modéré Deniau finit par l'emporter grâce à
une mobilisation électorale remarquable (moins de 18 %
d'abstentions).
3-En
1902, dreyfusards et anti-cléricaux livrent un combat décisif
aux conservateurs : ils l'emportent dès le 1er tour dans la 1ère circonscription
de Blois, mais à Cellettes, le radical anti-clérical, Eusèbe
Gauvin, soutenu par la Ligue des Droits de l'Homme, est largement devancé
par le Maire de Blois, Jules Brisson, qui porte tous les espoirs de
droite. Le fait que Brisson soit le Conseiller Général du
canton et, surtout, le dirigeant d'un puissant syndicat viticole a évidemment sa
part dans ce vote. Il n'empêche : dans un scrutin politique aussi fort,
la majorité des électeurs cellettois a préféré l'alliance des
conservateurs et des "réactionnaires"
à la solution radicale autour de Waldeck
Rousseau.
4-On
n'insistera pas sur l'importance du vote de 1936 , sinon pour signaler qu'avec 89,2 % de
participation au second tour à Cellettes, on frôle les records de
mobilisation électorale de 1924 et 1928 (plus de 91 %) !
Et cette fois, les Cellettois sont dans la
ligne de la circonscription
(56,5 % pour Emile Laurens,
radical-socialiste, au second tour, pour 56,4 dans la circonscription entière).
Pour trouver une originalité dans le vote cellettois de 1936, il faudrait
la chercher dans le score du communiste Gérard Proust, deux fois plus
élevé que dans l'ensemble de la circonscription, Blois comprise. 14 % pour ce
"journalier agricole" alors que les candidats communistes précédents
plafonnaient à 4 % : faut-il voir, dans ces 37 voix obtenues à Cellettes,
l'espoir en des temps nouveaux ou l'angoisse d'une population paupérisée et
affaiblie par l'exode rural qui, 1 an plus tôt, avait accordé tant d'importance
à un populiste de foires et marchés ?
En 1935 en effet , une élection
partielle dans la 1ère circonscription (Blois) avait donné l'occasion à un
agitateur paysan de mesurer son audience politique. Le "cas" Dorgères a
été longuement étudié par Robert Paxton ("Le temps des chemises
vertes", au Seuil) :
démagogue de talent, il parvint à séduire, dans un contexte de crise économique,
sociale, morale et politique, plus de 40 % de l'électorat, surtout rural.
A Cellettes, il était en tête au 1er tour
et fit
exactement jeu égal au second avec le radical-socialiste Emile Laurens,
finalement vainqueur dans la circonscription grâce à une forte mobilisation de
l'électorat (plus de 83 % de votants au second tour).
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